Toky Rosalonjatovo et Miora Hari n’avaient jamais vraiment envisagé de quitter Madagascar avant de devenir parents et d’espérer une vie meilleure pour leurs enfants. Pourtant, en 2021 permis de travail en poche, ils posaient leurs valises à Saint-Jean-Port-Joli. Depuis, ils travaillent à se bâtir une vie nouvelle. Pour eux, bien sûr, mais surtout pour permettre à leurs enfants de rêver grand.
« Chez nous, c’est magnifique, mais il manque d’opportunités. Nos enfants sont ambitieux et rêvent de grandes choses pour le futur. Nous nous sommes dit que ce serait bien d’avoir de meilleures options pour leurs études. Il y a des universités à Madagascar, mais les diplômes sont très peu reconnus, si bien que le chemin le plus emprunté est d’aller se former à l’extérieur. Nous préférions en faire un projet de vie pour tous », raconte Miora.
Portés par cette idée, dès 2018, Toky et Miora écument les réseaux sociaux pour évaluer les options qui s’offrent à eux. Une entreprise manufacturière de Région L’Islet annonce qu’elle est à la recherche de manœuvres et qu’elle est ouverte à accueillir des travailleurs étrangers. « Même si c’était un domaine différent que ce dans quoi nous travaillions, le poste nous convenait, résume Miora. Nous avons envoyé nos CV à l’entreprise et on nous a contactés pour un entretien. L’entrevue s’est bien déroulée et nous avons ensuite été mis en contact avec des gens, à Madagascar, responsables de recueillir les informations pour faire notre demande de permis de travail. »
Le monde entier est alors plongé dans une crise sanitaire majeure. La procédure s’en trouve ralentie et il faudra près de deux ans avant que leur départ se confirme. Comme entendu toutefois, l’employeur leur garantit un emploi pour trois ans. Un logement les attend aussi à leur arrivée. Seule ombre au tableau, il leur faudra attendre au moins un an avant de pouvoir enclencher les démarches d’immigration pour leurs enfants. Il faut donc se résoudre à les laisser au pays.
À l'épreuve de la séparation
Dans les faits, la famille sera séparée pendant deux ans. Deux ans au cours desquels les garçons, Zayon et Aaron, seront confiés aux bons soins des grands-parents maternels. Tous deux confirment avoir trouvé le passage difficile. Si le plus jeune, Zayon, déclare candidement avoir « pleuré souvent », le plus âgé avoue pour sa part « avoir été rattrapé par la bêtise sans l’encadrement habituel ». L’ampleur du sacrifice se lit également sur les visages des parents lorsqu’ils se remémorent cette dure période.
Puis, à la mi-novembre 2022, la famille est enfin réunie. Il aura fallu deux tentatives pour rendre cela possible. La première demande pour un permis de visiteurs est refusée, car les parents ne sont pas en mesure de fournir la preuve que les enfants rentreront éventuellement au pays. Ces derniers arrivent finalement à Saint-Jean-Port-Joli, porteurs d’un permis d’études. Le statut de travailleurs temporaires des parents donne accès gratuitement au réseau scolaire pour des études primaires et secondaires. Rapidement d’ailleurs ils intègrent l’école, l’aîné en sixième année, le plus jeune en troisième. L’adaptation pose des défis, mais ils apprivoisent peu à peu leur nouvel environnement éducatif et culturel.
Deux ans après leur arrivée, les parents, eux, se disent bien intégrés dans la communauté, même si Toky confesse avoir trouvé le changement de climat brutal. « Chez nous, lorsque la température atteint 10 ou 15 degrés, nous considérons qu’il fait froid, alors ici, avec la neige et les moins quelque chose, c’est très froid pour nous. »
À court terme, la famille souhaite faire une demande de résidence permanente.
Nous adorons notre vie ici. Nous aimons Saint-Jean-Port-Joli et la région. C’est calme, sécuritaire et l’idée d’élever nos enfants ici nous plaît. Ce qui compte, surtout, c’est de permettre aux enfants de réaliser leurs rêves.
Cette publication est rendue possible grâce au soutien financier du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, en collaboration avec la MRC de L’Islet.